Pourquoi les Etats-Unis respectent-ils l’accessibilité ?
Chaque français en fauteuil roulant serait surpris de découvrir l’accessibilité de la presque majorité des lieux publics au pays de l’Oncle Sam. Pendant qu’en France on repousse la loi sur l’accessibilité de 2019 à 2024, aux Etats-Unis on fait des procès à ceux qui ne respectent pas cette loi… ! Aux Etats-Unis, la prise de conscience politique et les lois qui en découlent ont été plus précoces qu'en Europe.
Revenons aux origines.
1968 : Sur les campus californiens et bientôt dans tout le monde occidental, la contestation contre la guerre du Vietnam monte en flèche. Les mouvements hippies prônent le slogan « Make Love, Not War » (faîtes l’amour, pas la guerre). Le festival de Woodstock est le point d’orgue d’une jeunesse américaine révoltée par ce conflit meurtrier hyper médiatisé. L’opinion publique va se retourner contre son gouvernement.
1973 : L’échec et le retrait militaire des Etats-Unis au Vietnam va jouer un grand rôle pour les questions concernant l’accessibilité et la reconnaissance du handicap. De retour du Vietnam, 153000 jeunes soldats rentrent mutilés, handicapées physique ou atteint d’un choc post-traumatique ! Le 26 septembre 1973 la loi appelée « Rehabilitation Act » entre en vigueur. Cette loi oblige les organismes gouvernementaux à employer des personnes handicapées.
La discrimination envers les personnes handicapées est passible de lourdes sanctions.
De 1998 à Aujourd’hui.
1998 : Le "Rehabilitation Act" a été amendé par la "section 508" qui précise les décisions fédérales concernant l'accessibilité des technologies de l'information sur le Web. Même si aux Etats-Unis la "section 508" ne s'applique qu'aux structures fédérales, sa mise en place a eu pour conséquence une généralisation de l'application de ses règles d'accessibilité au niveau des états, des "comtés" et des villes.
Bien que les premières plaintes déposées par des particuliers contre des établissements du secteur privé aient échoué (Gumson contre Southern Airlines dans l'état de Floride en 2002), de récents événements ont montré que l'application des règles d'accessibilité dans le secteur privé peuvent être bien plus qu'une bonne idée et que les conséquences peuvent être lourdes (procédure de l'Etat de New York contre la société Ramada Franchise Systems en 2004).
Aujourd’hui il est très agréable de se rendre aux Etats-Unis lorsque l’on est en fauteuil roulant. C’est un peu le paradis des « quatre roues » (de voitures ou de fauteuils) ! Chaque lieu public a son accès « for disabled ».
Pour voyager fréquemment avec mon fauteuil au pays de l’Oncle Sam je peux dire que l’on part avec un poids en moins dans la tête. Pour presque chaque voyage, salle de concert ou transport en commun, une interrogation me taraude : – «J’espère que ça va être accessible ! »
Savoir qu’un taxi accessible pourra vous emmener d’un point A à un point B sans le réserver une semaine à l’avance est un sacré luxe ! Rouler sur un trottoir d’où l’on sait que l’on pourra en redescendre sans rebrousser chemin est également un luxe ! C’est la réalité des Etats-Unis en 2015. Dès l’instant ou un individu peut accéder à tous lieux il se sent respecté et intégré…
Aujourd’hui il est possible de faire la visite des Everglades de Floride sur un airboat de quatre places. Dans le même temps, il vous faudra deux heures et un métro plus un bus pour faire trois kilomètres à Paris si la station a un ascenseur (qui marche)!!
L’exemple typique de l’inaccessibilité des lieux et des transports en commun est notre chère capitale parisienne… Pour le coup c’est un peu l’enfer (oui je pèse mes mots)!!
La vie sur « roulettes » est une aventure permanente d’interrogations concernant l’accessibilité…
En France l’imprévu est un risque à prendre si l’on a du temps pour envisager un plan B. Aux Etats-Unis rien ne vous arrêtera à part les excès de vitesse sur les trottoirs.